Chercher la lumière

Nous voilà arrivés au mois de novembre, un mois où traditionnellement est fêtée la St Martin, fête de la lumière et de l'entraide. En effet St Martin est ce noble qui déchira sa cape pour en offrir la moitié à un mendiant qu'il rencontra sur sa route. Un homme noble qui aide une personne du peuple, à une époque où la société française était organisée en castes strictes. En fêtant la St Martin nous célébrons la charité mais surtout la lumière, celle qui habite nos cœurs en ce mois sombre qu'est celui de novembre. 

 

Et de la lumière, avec les circonstances actuelles, nous en avons besoin. Comme beaucoup de personnes aujourd’hui'hui je me sens perdue, je ne reconnais plus le monde dans lequel nous vivons. Violences, insécurités -quelles soient liées au terrorisme ou sanitaires-, intolérance... Voilà parmi tant d'autres choses ce qui nous est constamment projeté par les médias, les politiques, etc... Dans cette époque où nous devrions tous nous soutenir et nous entraider pour sortir de cette épreuve qu'est la pandémie du covid-19, nous sommes plus que jamais désunis. Et comme il est difficile de se battre contre un virus, notre président invoque les séparatismes pour tenter de nous unir contre un pseudo ennemi commun: l'islam. Les discours actuels ne sont qu'amalgames et raccourcis pour alimenter la peur et l'intolérance. Une religion toute entière devient le bouc émissaire des difficultés de notre société. Et dire qu'après la seconde guerre mondiale nos ancêtres se promettaient tous de ne plus jamais revivre cela. Les musulmans dans leur ensemble souffrent d'une chasse aux sorcières contre une poignée d'illuminés. Oui comme tous j'ai peur du terrorisme et des actes ignobles qui ont été commis dans notre pays, mais est-ce une raison suffisante pour accuser et ostraciser toute une partie de notre société? 

Et c'est dans ce cadre que sont aussi montrées du doigt une grosse poignée de familles en France, des familles qui ont fait le choix de l'instruction en famille. Ce choix est divers et ne saurait se réduire à la seule raison religieuse. Et quand bien même cela serait le cas, notre république garantit la liberté religieuse évoquée dans l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi ». L'ennemi ici doit être le fanatisme et l'extrémisme, pas la religion. Mais est-ce juste de punir toutes les familles alors que seulement une pincée de la poignée est concernée? Ne serait-il pas plus juste de rendre à César ce qui est à César, c'est à dire à l'éducation nationale ce qui est à l'éducation nationale? A la charge des inspecteurs de pointer les dérives lors des contrôles annuels auxquels sont soumises les familles. A la charge du maire, ou de la personne chargée de l'inspection de mairie de détecter les enfants mis en danger de sectarisme et de radicalisme. L'outil législatif est là pour permettre à l’État de ne pas passer à côté de mouvements extrémismes au sein de l'instruction en famille. Servons nous de cet outil législatif pour protéger les enfants qui doivent l'être, tout en garantissant aux familles cette liberté fondamentale qu'est celle de choisir l'éducation qui est donnée à leurs enfants.

Aujourd'hui je me sens dépossédée de mes droits en tant que citoyenne française, mes droits d'être une mère responsable qui prend les décisions éducatives pour mes enfants. Aujourd'hui, tels certains régimes communistes d'antan (je pense à la Chine, où mes lectures m'ont souvent amenées, notamment avec le livre "Les cygnes sauvages" de Jung Chang pour n'en citer qu'un), où l’État est placé avant la famille et où les parents sont privés de tout droit de décision concernant leurs enfants. 

Aujourd'hui je ne me reconnais plus dans cette société française où privations de libertés individuelles et intolérance sont devenus les maîtres mots. Je ne reconnais plus mon pays et si j'avais le choix, ce ne serait pas le pays dans lequel je souhaiterai élever mes enfants. Un pays où la laïcité devient religion d’État, où le respect des valeurs de la république ne laisse pas de place à la démocratie. Si je le pouvais, si un tel pays existait, je choisirai celui où la famille est placée avant la république (mais pas avant la loi bien sûr), un pays où toutes les religions ainsi que les laïques pourraient cohabiter. Un pays où les politiques ne jouent pas sur les peurs pour rogner les libertés individuelles. Un pays qui reconnaît la diversité comme une richesse et ne la perçoit pas comme une menace. Et moi qui ait l'audace aujourd'hui d'être croyante dans ce pays de laïcité extrémiste, je prierai pour que mon pays, la France que j'aime, devienne le pays dans lequel je souhaite élever mes enfants. Je ne l'abandonnerai pas ma France, mais je ne peux aujourd'hui accepter l’état dans lequel elle se trouve.

 Mais quittons maintenant les considérations étatiques pour revenir à celles de la famille, ma famille... Ce mois de novembre est marqué pour nous par de grands changements. Les garçons ont pris le chemin de l'école en cette rentrée. Ce choix est personnel, et nous continuons de croire et de nous battre en cette institution qu'est l'instruction en famille. Après de longues discussions nous nous sommes rendus compte que nos mouvements incessants - trois déménagements depuis janvier 2019- ont eu pour résultat malheureux d'isoler Isaac et Sohan qui avaient besoin de retrouver un groupe d'amis, de se sentir mieux intégrés dans ce nouveau lieu de vie. Nous avons eu la chance de leur trouver deux places dans une école privée qui entrait en adéquation avec l'ensemble de notre projet éducatif. Les garçons vont à l'école avec le sourire et notre famille est plus apaisée maintenant que chacun trouve un peu mieux sa place dans notre nouvelle vie. Sohan a d'ailleurs la chance de suivre le Vendée Globe avec sa classe, ce qui a commencé ce dimanche par la réalisation d'une maquette qu'il a eu à l'école. Nous avons aussi regardé ensemble le départ de la course ainsi qu'un petit reportage sur le bateau qu'ils vont suivre. Bien que les garçons soient maintenant scolarisés, nous essayons d'accompagner au mieux la vie de classe à la maison pour sortir de la traditionnelle séparation école/maison qui était l'une des raisons pour laquelle nous avions choisi l'instruction en famille les années précédentes. 

 

De mon côté, j'apprécie de pouvoir m'occuper de Noah un peu mieux, même si bien sûr les garçons me manquent et que j'attends avec impatience les mercredis, week-end ainsi que l'heure du goûter. Sur ce blog vous trouverez dorénavant plus de mon quotidien avec bébé, et moins de celui avec mes grands. De toute manière, Isaac et Sohan étant maintenant plus grands, je ne trouve pas cela très correct vis à vis d'eux de partager leur quotidien un peu à leur insu, d'où des billets de blogs beaucoup plus rares que sur mes anciens blogs. 

Avec Noah, qui à quatre mois est encore bien petit, je commence à partager le rythme des saisons. Au cours d'une ballade nature cette semaine (dans un petit coin de bois qui, j'ai de la chance, est situé à moins d'un kilomètre de chez moi), j'ai ramassé de jolies feuilles que j'ai ensuite trempées dans de la cire d'abeille pour en faire un mobile. Alors que nous admirons ensemble ces belles feuilles aux teintes automnales, je lui récite une jolie comptine d’automne qui, je trouve, est adaptée aux tout-petits: 


L’automne grelotte

Voici l’automne

Vole, vole, petite feuille
Saute, saute, l’écureuil

Cachez-vous les hérissons !
Où êtes-vous les champignons ?

Les grands arbres nus grelottent
Ils tremblent de toutes leurs quenottes

Pom, pom, pom
Tombent les pommes

Pomme, pomme, pomme
Voici l’automne

Chantal Abraham
Extrait du recueil « C’est mon p’tit doigt qui me l’a dit »

Source: https://dessinemoiunehistoire.net/comptine-l-automne-grelotte/

Noah apprécie notamment quand je fais voler les petites feuilles en soufflant doucement sur le mobile.  J'ai inventé quelques mimes à faire à chaque phrase, ce qui ne manque pas de faire sourire mon tout-petit.


A côté de cela j'ai aussi réalisé un décor de vitre de la St Martin que j'éclaire d'une bougie tout en lui chantant cette jolie chanson:

Je marche avec ma lanterne,

Je marche avec ma lanterne,

Ma lanterne marche avec moi.

Au ciel brillent les étoiles,

Et moi je brille ici bas.

Tout est fini, rentrons sans bruit,

Ladigue, Ladigue, Ladon !

Chante le coq,

Miaule le chat,

Ladigue, ladigue, ladon ! 

Source: http://www.mirebalais.net/2016/12/la-promenade-nocturne-de-la-saint-martin.html 

 


 

Bien que Noah est encore bien petit pour comprendre le sens de tout cela, il n'est pas trop tôt pour l'initier à la musicalité des mots ainsi qu'au rythme de la nature autour de nous. Je dois quand même préciser que Noah, étant le troisième d'une fratrie, s'est éveillé plus rapidement, et je n'avais pas commencé à lire des livres et faire des comptines si tôt avec les deux autres qui à son âge n'étaient pas encore très réceptifs. J'attends d'ailleurs avec impatience l'arrivée du livre "Living Literacy: the human foundations of Speaking, Writing and Reading" de Michael Rose, professeur à l'école Steiner de York et tuteur pour les formations de professeurs des écoles Steiner du nord de l'Angleterre. Bien sûr je vous en dirai plus ici lorsque je l'aurai lu. Pour ce qui est des lectures, en ce moment Isaac s'est pris de passion pour les livres Chair de Poule de R. L. Stine qu'il dévore. Sohan est en train de lire "Les neufs vie d'Aristote" de Dick King Smith. Côté manga Sohan continue la série "Chi" ainsi que "Splatoon" et Isaac a commence "So, I'm a spide, So what?" qu'il a beaucoup aimé. Pour ce mois-ci, j'ai choisi le livre "Pirouette la chouette" pour Noah, et pour Halloween nous avions "Pompom l'ourson au manoir", un personnage que les garçons avaient beaucoup aimé plus petits. 



Je finis ici ce long billet, j'espère que vous m'avez lue jusqu'au bout. J'ai été plutôt absente sur Instagram ces derniers temps étant donné le tourbillon de changements et de remises en questions dans laquelle notre famille se trouvait. Une dépression post-partum ainsi qu'une nouvelle poussée de Crohn m'ont amené aussi à m'introvertir ces dernières semaines. Mais malgré que les choses ne soient pas au beau fixe pour moi personnellement, je souhaite revenir vers plus de partages sur cet espace qu'est Instagram, un espace où j'espère ne recevoir aucun jugement quand aux décisions prises par notre famille récemment. Je vous souhaite à tous un bon dimanche et une belle semaine!



Commentaires

  1. Bonjour je suis contente d avoir de vos nouvelles Je te souhaite une bon rétablissement Nadege bonne continuation à la famille au plaisir de se revoir Brigitte

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire